Le plaisir de Tishani Doshi

« Aux premières heures du 20 août 1968, le matin du départ de son fils, Prem Kumar Patel s’accorda un luxe auquel il n’avait jamais goûté en quarante-sept ans d’existence : il fit un rêve. Un long cauchemar qui semblait le ramener jusque dans les entrailles de sa mère pour le catapulter à la fin de sa vie, dans une vallée couverte de glace. Il gravissait des montagnes, à la recherche de son épouse et de leurs quatre enfants. » [*]

Ce roman, Le Plaisir ne saurait attendre (en v. o. littérale « Les Chercheurs de plaisir »), œuvre de Tishani Doshi, poétesse et écrivaine indienne originaire de Madras (ville appelée aujourd’hui Chennai), est un véritable enchantement : « Un roman tout simplement merveilleux » d’après Salman Rushdie.

Chronique familiale débutant avec le départ pour l’Angleterre de Babo Patel, fils de Prem Kumar et Trishala, et qui, à Londres, tombera amoureux d’une jeune Galloise, Sian, qui acceptera de venir vivre en Inde après six mois de conflit entre Babo et ses parents pour pouvoir l’épouser.

Nous suivrons alors les prolongements de cette union inhabituelle, leurs deux filles Mayuri et Bean, l’acclimatation de Sian dans son nouveau pays, les relations de Babo avec ses parents, son frère Chotu, ses sœurs Meenal et Dolly, la gestion de l’entreprise paternelle Patel & Sons…

Le point de ralliement et d’équilibre demeure la grand-mère, Ba, résidant à Ganga Bazaar, dans le Gujarat : elle accueille toujours les membres fragiles de la famille ou en délicatesse avec elle, s’entoure de toute une communauté de femmes et même de marginaux comme l’hermaphrodite Ignatius.

Nous partageons ainsi dans ce livre sur deux continents mariages et enterrements, naissances et maladies, joies et tristesses – la vie, quoi !

Et Tishani Doshi nous emballe dans son enthousiasme et sa vivacité.

Michel Sender.

[*] Le Plaisir ne saurait attendre (The Pleasure Seekers, 2010) de Tishani Doshi, traduit de l’anglais (Inde) par Karine Lelechère [éditions Buchet/Chastel, 2011], éditions Pocket, Paris, juillet 2015 ; 384 pages.