"Encre sympathique" de Patrick Modiano

Publié le par Michel Sender

"Encre sympathique" de Patrick Modiano

« Il y a des blancs dans cette vie, des blancs que l’on devine si l’on ouvre le « dossier » : une simple fiche dans une chemise à la couleur bleu ciel qui a pâli avec le temps. Presque blanc, lui aussi, cet ancien bleu ciel. Et le mot « dossier » est écrit au milieu de la chemise. À l’encre noire. » [*]

 

Le dernier livre de Patrick Modiano, un très court roman, atteint à la perfection dans la « petite musique » qui est la marque de son auteur.

Placé sous l’exergue d’une citation de Maurice Blanchot extraite du Livre à venir (« Qui veut se souvenir doit se confier à l’oubli, à ce risque qu’est l’oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir »), Encre sympathique, qui joue aussi avec le double sens de l’adjectif sympathique rapporté à l’encre, creuse à l’infini de minuscules indices pour permettre à la mémoire de se reconstituer.

Sous couvert d’un ancien travail dans une agence de détectives (on pense à François Truffaut et à Baisers volés), le narrateur arpente des quartiers de Paris à la recherche d’une femme disparue, au commencement en partant d’une carte d’autorisation de poste restante, puis en questionnant les gens dans un café, ensuite en retrouvant « un agenda de toile noire », etc.

L’enquête bascule quand la parole est transférée à une narratrice qui pourrait bien correspondre à la personne recherchée, mais c’est sans doute pour mieux encore nous déporter dans le sentiment, l’émotion et le mystère.

La force et la maîtrise de l’écriture de Patrick Modiano sont telles qu’on en pleurerait…

 

Michel Sender.

 

[*] Encre sympathique de Patrick Modiano [éditions Gallimard], Le Grand Livre du Mois, Paris, septembre 2019 ; 144 pages, 16 € (imprimé en octobre 2019).

J’ai commandé ce livre au Grand Livre du Mois pour solder des « points-cadeaux » mais je ne vois plus beaucoup de raisons de continuer à le faire : couvertures insipides qui ne sont plus cartonnées ou renforcées, même prix que dans le commerce avec des frais d’envoi importants, des « points-cadeaux » moins généreux. Par ailleurs, le Club n’a plus de productions originales et son bulletin L’Actu littéraire ne paraît maintenant que tous les deux mois : c’est le début de la fin.

France Loisirs (à qui le GLM appartient) ne va guère mieux en ce moment…

Publié dans Littérature

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