Jorge Semprun et l'envie d'Académie

Publié le par Michel Sender

Jorge Semprun et l'envie d'Académie

Hier 25 novembre 2021 l’Académie française a élu en son sein l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa.

Ses mérites littéraires ne sont plus à démontrer et Mario Vargas Llosa (je peux en témoigner, l’ayant rencontré à plusieurs reprises avec Espaces latinos) parle le français de façon remarquable.

Mais, politiquement, c’est un homme ultra-libéral, très à droite. Ce qui explique sans doute son élection…

En effet, paradoxalement, son admission fait immanquablement repenser à la façon dont Jorge Semprun, remarquable écrivain en espagnol et en français, en avait été écarté.

En 1995, Jorge Semprun avait songé à se présenter à l’Académie au siège d’Henri Gouhier mais, ressentant l’hostilité d’un certain nombre d’« immortels » et sa non-nationalité française étant avancée, il y renonça. Grâce à cela, il fut élu l’année suivante à l’académie Goncourt.

Aujourd’hui, nous avons une nouvelle confirmation que la nationalité espagnole de Jorge Semprun pour ne pas l’élire à l’Académie française n’était qu’un prétexte.

En réalité, c’était son passé de militant communiste qui lui était reproché.

Pourtant Jorge Semprun se déclarait très proche du Yves Montand de l’émission télévisée « Vive la crise » qui, en 1984, avait symbolisé le virage d’une partie de la gauche vers le néo-libéralisme.

On le disait devenu « anticommuniste » et lui-même d'ailleurs parlait de son « ami » Mario Vargas Llosa.

Avec de telles personnalités le simplisme n’est pas de mise. Imaginons donc qu’avec Mario Vargas Llosa l’Académie française se fait pardonner Jorge Semprun.

                                                                                                                        

Michel Sender.

 

J’ai parlé d’Une tombe au creux des nuages de Jorge Semprun (éditions Climats, janvier 2010 ; depuis en « Champs essais » chez Flammarion) sur ce blog le 2 avril 2010.

Publié dans Littérature

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