Le chant du cygne de Sylvia Plath

Coquelicots en octobre
Même les nuages au soleil de ce matin ne savent inventer de telles jupes
Ni la femme dans l’ambulance
Dont le cœur rouge fleurit incroyablement son manteau –
Un don, un don d’amour
Qu’aucun ciel
Au feu blafard
Qui brule son oxyde de carbone, que nuls yeux
Éteints sous des chapeaux melons
N’ont jamais demandé –
Oh mon dieu que suis-je
Si ces bouches tardives s’ouvrent pour crier,
Dans une forêt froide, une aurore de chardons.
Difficile de faire un choix dans les poèmes de Sylvia Plath (1932-1963) et dans le recueil Ariel [*] que vient de traduire intégralement Valérie Rouzeau chez Gallimard.
Ce livre – publié deux ans après sa mort par son mari Ted Hughes (1930-1998) dont, avant son suicide, elle vivait séparée avec leurs deux enfants [**] – est mythique.
En effet, avec son seul roman, La Cloche de détresse (The Bell Jar, publié sous pseudonyme en 1963 aux États-Unis), très commenté dans les milieux féministes des années soixante-dix, Ariel apparaît comme la transcription poétique d’une dépression et d’une vie tourmentée, comme le chant du cygne d’une poétesse (personnellement, je ne trouve pas ce féminin dépréciatif) exceptionnelle...
Valérie Rouzeau, à l’aide aussi de quelques notes précises, sait nous faire partager la furie de cette poésie, son galop infatigable...
Michel Sender.
[*] Ariel (Ariel, Faber and Faber, Londres, 1965) de Sylvia Plath, traduit de l’anglais, présenté et annoté par Valérie Rouzeau, collection « Du monde entier », éditions Gallimard, Paris, juin 2009 ; 128 pages, 14,50 €.
[**] Valérie Rouzeau a également traduit chez Phébus l’ouvrage de Diane Middlebrook, Son mari : Ted Hughes et Sylvia Plath, histoire d’un mariage.