Edmondo De Amicis et la bicyclette
« Je dis les amertumes que me procura la bicyclette, afin d’apporter, je l’espère, un réconfort à ceux qui les ont éprouvées, et pour aider les autres à les éviter ou à s’en libérer, en usant du seul moyen dont je dispose pour le faire. »
Quelques semaines avant la réédition de Sur l’océan [*] en collection de poche chez Payot, les Éditions du Sonneur ont publié, dans leur « Petite Collection », La Tentation de la bicyclette [1], un court texte inédit en français du grand écrivain italien Edmondo De Amicis (1846-1908), l’auteur de Cuore.
Publié deux ans avant sa mort et malgré le titre de Pages joyeuses du recueil où il est inséré, Olivier Favier le souligne, ce texte d’Edmondo De Amicis, sous la raillerie de lui-même, respire une tristesse diffuse.
Faut-il, à son âge (il a atteint la soixantaine), au risque du ridicule et de l’accident, oser « monter à bicyclette » ? Edmondo De Amicis, lui, ne l’a pas fait – mais il prétend en avoir souffert mille regrets et tentations !
Or, à ce stade de frustration rentrée, l’image de la bicyclette recoupe en fait bien d’autres traumatismes, hésitations et troubles intérieurs, devant la nouveauté, l’avenir, l’inconnu, l’infini...
C’est pourquoi cette belle allégorie de La Tentation de la bicyclette tant nous émeut : « J’ai renoncé désormais, nous dit-il ; mais l’esprit, lui, n’est pas encore résigné. »
Michel Sender.
[1] La Tentation de la bicyclette (La Tentazione della bicicletta, dans Pagine allegre, Treves, Milan, 1906) d’Edmondo De Amicis, préfacé et traduit de l’italien par Olivier Favier, « La Petite Collection », Éditions du Sonneur, Paris, mars 2009 ; 48 pages, 5 €. Voir absolument www.editionsdusonneur.com
[*] Sur l’océan (Sull’oceano, Treves, Milan, 1889) d’Edmondo De Amicis, traduit, présenté et annoté par Olivier Favier, vient de reparaître en « Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs » (336 p., 9 €). Voir http://msender.blogsperso.orange.fr du 14 juin 2009 et www.dormirajamais.org (site d’Olivier Favier).