Balthus à Paris

Je suis toujours à la recherche de livres d’art qui, en plus de donner des reproductions, permettent de comprendre l’intelligence des œuvres, soient vraiment écrits – pas seulement des albums de photos...
Et j’ai trouvé mon compte avec Balthus à Paris [1] de Rose-Maria Gropp, critique d’art à la Frankfurter Allgemeine Zeitung et spécialiste également de Freud et Lou Andreas-Salomé qui, dans cet ouvrage, nous restitue la première exposition de Balthus en avril 1934 à la Galerie Pierre, 2, rue des Beaux-Arts (Angle Rue de Seine), à Paris.
Personnellement, c’est en lisant les Lettres à Merline de Rainer Maria Rilke que j’ai découvert le lien très fort qui s’était créé (pour toute une vie) entre Rilke et Pierre Klossowski et Balthus, tous les deux enfants de Baladine Klossowska (« Merline »), femme exceptionnelle dont la correspondance et les relations avec Rilke sont un crève-cœur...
C’est Rilke qui a chaperonné Mitsou, le premier livre de Balthus ; Pierre Klossowski (1905-2001) et Balthus (1908-2001), du fait de leur longévité, ont aussi pu prolonger le témoignage vivant sur un des plus grands poètes du xxe siècle et, par leurs propres œuvres, ont continué à interroger et à intriguer notre modernité.
Car, pour moi, les tableaux de Balthus, qui fascinent, sont encore des énigmes – de même, par exemple, que beaucoup de tableaux de Magritte !
C’est donc le grand mérite de Rose-Maria Gropp d’éclairer pour nous les sept tableaux (La Rue, Alice dans le miroir, La Toilette de Cathy, Portrait de Mme Pierre Loeb, Portrait de jeune fille en costume d’Amazone, La Fenêtre et La Leçon de guitare) de la première exposition de Balthus à Paris en 1934. Elle bénéficie bien sûr de la Correspondance amoureuse avec Antoinette de Watteville aujourd’hui connue mais surtout porte un regard poétique, compassionnel et expert sur ces œuvres qui, sur des thèmes de départ assez conventionnels, tissent et dégagent finalement une charge subversive...
Un résultat magnifique !
Michel Sender.
[1] Balthus à Paris – La première exposition, 1934 (Balthus in Paris. Eine Ausstellung 1934, Schirmer/Mosel, Munich, 2007) de Rose-Maria Gropp, traduit de l’allemand par Olivier Manonni, éditions Actes Sud, Arles, septembre 2008 ; 128 pages, 24 € (relié-cartonné).
Une curiosité comme je les aime, à propos de couverture(s) du livre. Celui que j’ai acheté en librairie (en tête de cet article) reprend La Toilette de Cathy. Sur le site www.actes-sud.fr et certains sites de librairie, on trouve la couverture ci-dessus, avec La Rue, comme pour l’édition allemande. Vous avez l’explication ?