Mahmoud Darwich, poète
On t’oubliera, comme si tu n’avais jamais été.
On t’oubliera comme la mort d’un oiseau,
comme une église abandonnée,
comme un amour passager
et comme une rose dans la nuit... on t’oubliera
Moins d’un an après la mort du poète palestinien Mahmoud Darwich (1941-2008) paraît chez Actes Sud une Anthologie [*] de ses recueils publiés entre 1992 et 2005.
L’édition est bilingue, ce qui permet d’accéder au texte arabe original et sans doute de mieux diffuser ainsi sa poésie.
Vous, qui vous tenez sur les seuils, entrez
Et prenez avec nous le café arabe.
Vous pourriez vous sentir des humains, comme nous.
Vous, qui vous tenez sur les seuils,
Sortez de nos matins
Et nous serons rassurés d’être comme vous,
Des humains !
Car ce poème d’État de siège rappelle, qu’installé à Ramallah, après l’exil, Mahmoud Darwich milite pour la cause palestinienne. Mais il n’est pas que le porte-parole national qu’on veut en faire, il incarne l’humanité souffrante et l’exprime en poésie de paix :
Ce siège durera jusqu’à ce que l’assiégeant,
Comme l’assiégé, réalise que l’ennui
Est l’un des attributs de l’Homme.
Car Mahmoud Darwich était un homme fragile. Il l’exprime tout au long de ses poèmes. Son cœur malade l’a emporté...
Je ne suis plus jeune pour me porter
sur les mots, je ne suis plus jeune
pour achever ce poème.
Michel Sender.
[*] Anthologie (1992-2005). Édition bilingue de Mahmoud Darwich, poèmes traduits de l’arabe (Palestine) par Elias Sanbar, choisis et présentés par Farouk Mardam-Bey, collection « Babel », éditions Actes Sud, Arles, juin 2009 ; 320 pages, 8,50 €.