Le mystérieux docteur Fu Manchu de Sax Rohmer

Publié le par Michel Sender

 

« Depuis le jour où Nayland Smith était rentré de Birmanie pour m’entraîner dans sa lutte contre le héraut du Péril Jaune, le visage de Fu Manchu n’avait presque jamais quitté mes rêves du jour ou de la nuit. La multitude pouvait bien reposer en paix – la multitude pour le salut de laquelle nous œuvrions dans l’ombre : nous connaissions, nous, les contours de cette pieuvre dont Fu Manchu était la tête, et dont les tentacules s’appelaient secte des dacoïts ou des thugs et maniaient des armes fatales et secrètes, arrachant à la vie ceux qui osaient l’affronter, sans jamais laisser de traces. »


C’est le docteur Pétrie qui, vers la fin du premier volume de la série, Le Mystérieux Docteur Fu Manchu [*], résume lui-même le combat dans lequel il est engagé avec son ami Nayland Smith.


Né de l’imagination de Sax Rohmer (1883-1959), Le Mystérieux Docteur Fu Manchu ouvre une multitude d’aventures trépidantes et d’événements les plus invraisemblables les uns que les autres qui ne déparent pas dans la littérature populaire du début du vingtième siècle.


Cependant, même si Sax Rohmer, comme Arthur Conan Doyle pour ses Sherlock Holmes, a choisi un enquêteur policier (l’agent secret Nayland Smith) flanqué d’un médecin (le docteur Petrie) narrateur de ses exploits, il ne s’agit pas à proprement dit d’enquêtes criminelles à élucider, puisque que nous en connaissons le coupable ou le commanditaire unique et maléfique, toujours le même.


Sax Rohmer, comme Gaston Leroux, penche plutôt vers le mystère irrationnel (il y a des chambres closes) et la terreur (les inventions de savants fous), et fait beaucoup penser au Fantomas de Souvestre et Allain qui venait de naître de l’autre côté de la Manche…


Il nous transporte dans un Londres glauque, plein de fumeries d’opium clandestines, de brouillards ténébreux, de propriétés presque hantées, et nous entraîne dans des péripéties qui se suivent à un rythme endiablé et où les personnages principaux s’en sortent toujours et redémarrent sans encombre.


On devine des histoires mises bout à bout, accolées les unes aux autres sans grande cohérence, mais cela n’a pas vraiment d’importance car tout est dans la succession de l’action qui ne doit jamais s’arrêter, principe intangible du feuilleton !


Et puis il y a Kâramanèh, compagne forcée de Fu Manchu qui détient son frère, belle hétaïre orientale, charmeuse et fragile, tombée amoureuse du docteur Pétrie et qui les tire d’affaire à plusieurs reprises…


Tous les clichés racistes et sexistes s’empilent dans un joyeux désordre permanent – du moins à nos yeux de lecteurs d’aujourd’hui, qui savons que le « péril jaune » n’a jamais existé et qui lisons tout cela avec détachement.


Le deuxième volume de la série, Les Créatures du docteur Fu Manchu (The Devil Doctor, 1916), déjà paru chez Zulma, est annoncé pour septembre 2009 au Livre de Poche.


Michel Sender.


[*] Le Mystérieux Docteur Fu Manchu (The Mystery of Dr Fu Manchu, Methuen, Londres, 1913) de Sax Rohmer, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel (première publication : éditions Zulma, Paris, 2008), Le Livre de Poche, Librairie Générale Française, Paris, juin 2009 ; 320 pages, 6,50 €. Voir
www.zulma.fr

Publié dans Littérature

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T
Plus exotique et fleurant bon les souvenirs d'adolescence, il y avait <br /> l'impérissable Bob Morane. Pourrais-tu en retrouver et nous raconter quelques-uns ?<br /> Allons, au boulot !
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