"Coraline" de Neil Gaiman

Ma curiosité me fait souvent changer d’univers et parfois même enfoncer des portes ouvertes, découvrir des livres déjà largement connus par d’autres publics…
Ainsi de Coraline [*] de Neil Gaiman, que j’ai acheté cet été, et qui est en fait la réimpression, sous une nouvelle couverture – à l’occasion de la sortie en France d’un film d’animation d’Henry Selick – d’un roman pour la jeunesse déjà publié en 2003.
C’est une histoire à la fois étrange (une petite fille, en emménageant avec ses parents dans une nouvelle maison, découvre tout un univers bis et effrayant) et familière (on pense effectivement beaucoup à Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll).
Tout commence d’une façon très calme (un peu comme dans Shining de Stanley Kubrick d’après Stephen King) et très bien vue (papa, maman et Coraline que, comme un des personnages, il ne faut surtout pas appeler Caroline), puis, petit à petit, à la faveur d’une porte condamnée, déboule dans un monde parallèle, qui ressemble à la réalité mais qui, comme dans un cauchemar, fait très vite peur par son incongruité étrange…
En effet, dans cet autre monde, les parents sont affublés de boutons à la place des yeux, le chat parle, les murs et même le jardin sont comme des prisons, la liberté n’est plus qu’une apparence, etc.
Et c’est en prenant sur elle-même, en luttant de l’intérieur, que Coraline va pouvoir se libérer de cette autre mère (curieusement, le père n’est qu’un zombie soumis) dictatoriale et fourbe !
Serait-ce de cela que rêvent les jeunes filles ?
Michel Sender.
[*] Coraline (Coraline, HarperCollins, New York, 2002) de Neil Gaiman, illustrations de Dave McKean, traduit de l’anglais par Hélène Collon, collection « Wiz », éditions Albin Michel (première publication : 2003), Paris, juin 2009 ; 160 pages, 10 euros.