"La bonne fortune de monsieur Ma" de Qiu Xiaolong
« Un soir de l’hiver 1962, des membres de la brigade des affaires spéciales firent irruption dans la cité de la Poussière Rouge pour perquisitionner la librairie de monsieur Ma.
Deux ou trois heures plus tard, ils l’emmenaient, menottes au poignet, suivis jusqu’à la rue du Fujian par madame Ma qui pleurait et suppliait. »
Vient de paraître chez Liana Levi un court volume contenant une nouvelle inédite de l’écrivain chinois réfugié aux États-Unis Qiu Xiaolong, La Bonne Fortune de monsieur Ma [*].
Présenté en deux parties et deux dates (1962 et 1982) sur le mode des bulletins d’information du recueil Cité de la Poussière Rouge paru en 2008 chez Liana Levi, ce dernier récit raconte de façon totalement neutre et iconoclaste la destinée de monsieur Ma, humble libraire arrêté en 1962 puis relâché en 1982, « dix ans avant la date prévue ».
Un de ses voisins, Huang Jialang (« Dans la librairie de monsieur Ma, il avait lu toutes les traductions disponibles en chinois des enquêtes de Sherlock Holmes, sans en acheter une seule », nous précise l’auteur), essaye de connaître les raisons de son arrestation et, finalement, croit savoir que l’on a trouvé chez lui, en version anglaise, « un livre russe à propos d’un docteur russe », livre interdit en Union soviétique.
Vingt ans après, à sa libération, monsieur Ma qui, durant son emprisonnement, n’a été autorisé qu’à étudier un seul ouvrage, un dictionnaire de médecine, décide d’ouvrir une herboristerie, un commerce qui, lui, marchera très fort – tout cela grâce au Docteur Jivago !
Une belle histoire, simple et touchante, qui m’a donné envie de reprendre ce blog…
Michel Sender.
[*] La Bonne Fortune de monsieur Ma (Doctor Zhivago, 2010) de Qiu Xialong, traduit de l’anglais (États-Unis) par Fanchita Gonzalez Batlle, collection « Piccolo », éditions Liana Levi, Paris, février 2011 ; 64 pages, 4 €. www.lianalevi.fr