"Les deux âmes de Frédéric Chopin" de Jean-Yves Clément

Publié le par Michel Sender

Les deux âmes de Frédéric Chopin

« Nous pensons que l’œuvre de Chopin se dérobe, par sa nature même, à la plupart des circonstances qui la voient naître ; qu’elle est en ce sens la plus inconditionnée de tout le romantisme musical, la moins sujette aux événements de type biographique ; qu’elle s’affirme donc, aussi, comme l’expression la plus pure de la solitude absolue du créateur. »

2010, année du bicentenaire de sa naissance, sera « L’Année Chopin » en France, nous dit-on. Tant mieux : j’imagine que de nombreuses initiatives vont fleurir, de multiples publications, des biographies aux coffrets spéciaux…

Pour commencer, j’ai choisi un petit livre sans CD, un essai original composé comme une méditation poétique, Les Deux Âmes de Frédéric Chopin [*], où Jean-Yves Clément échappe tout à fait aux simplifications biographiques et nous donne envie de l’écouter comme un pur génie musical, ce qu’il est, à l’instar de Mozart : « Il ressemble plus à Mozart que qui que ce soit », a d’ailleurs écrit de lui Eugène Delacroix…

Sur Frédéric Chopin (1810-1849), ma documentation reste des plus basiques : une version (Nouvel office d’édition, « Poche-Club », Paris, 1963) des articles (réunis en volume l’année suivante) que Franz Liszt lui consacra, deux ans après sa mort, en 1851 dans La France musicale (source continuellement citée et reprise) et le Chopin de Camille Bourniquel paru en 1957 dans la défunte collection « Solfèges » que dirigeait François-Régis Bastide aux éditions du Seuil.

Cela suffit, avec bien sûr les interprétations discographiques de votre choix (personnellement, Dinu Lipatti me fait fondre, sans oublier Arthur Rubinstein), à appréhender l’ouvrage de Jean-Yves Clément, conçu avec intelligence et talent empathique.

Il y aborde la personnalité « double » du compositeur (romantique mais aussi classique, très imprégné de tradition polonaise mais aussi créateur de formes, solitaire et mondain), « pianiste-philosophe », exilé tourmenté, homme malade… comme une vie « recomposée ».

Un très beau livre !

Michel Sender.

[*] Les Deux Âmes de Frédéric Chopin de Jean-Yves Clément, Presses de la Renaissance, Paris, janvier 2010 ; 126 pages, 14 €. www.presses-renaissance.com


Publié dans Littérature

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P
<br /> J'ai un faible pour les interprétations de François-René Duchable, l'homme au piano jetté dans le Lac d'Annecy, mais je connais peu la vie de Chopin. Voilà un livre moins médiatisé que celui d'Eve<br /> Ruggieri. Merci<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je suis heureuse de te voir citer Dinu Lipatti que l'on n'évoque plus guère et qui reste pour moi le meilleur. Rubinstein, oui, mais j'admirais plus encore l'homme que l'interprète.<br /> Quant à Chopin, je ne le connais - un peu - par ses liens avec George Sand.<br /> Ce livre me semble donc une belle façon d'entamer l'année Chopin.<br /> Merci, Michel<br /> Il a neigé cette nuit, tout est blanc sauf là où l'on marche ou roule : la beauté sans les risques de chute - sauf peut-être encore de neige ! Pour le moment le soleil resplendit.<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Tiens, justement, il faut que je remette la main sur la "polonaise héroïque". Il y a longtemps que je ne l'ai pas écoutée et ton article me rappelle que je l'aimais beaucoup ...avant d'entamer la<br /> période baroco-mozartienne où je suis toujours, avec ravissement.<br /> Bises.<br /> <br /> <br />
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